Nguyen Van Tao dit Nguyen Nam-son
« Portrait de ma mère »
Huile sur toile
Signée en bas à droite, située à Hanoï et datée 1930
En haut à droite en caractère Chinois « le portrait de ma mère ».
En bas à gauche en caractère chinois « Le fils Nguyen van Tho se prosterne en dessinant ».
Dimensions : 103,5 x 170 cm
Estimation : 200 000/300 000 euros
Catalogue en ligne en cliquant sur ce lien
Au dos du tableau, étiquette de l’exposition du Salon des Artistes Français de 1932 sur laquelle figure l’adresse de Nam Son à Hanoï (4 rue de la Citadelle, Hanoï, Tonkin) et celle Victor Tardieu (3 rue Chaptal à Paris).
Expositions:
1931 : Exposition Coloniale de Paris
1932 : Salon des Artistes français (Médaille d’Argent)
Provenance :
Ancienne collection de Monsieur Henri Sembuc
Collection de Monsieur Jean Yves Bureau
Par descendance aux actuels propriétaires.
Découverte d’un trésor de la peinture Vietnamienne par Artexpertise.fr
Nguyen Van Tho, plus connu sous son nom d’artiste Nam Son, né à Hanoï en 1890 est issu d’une famille de lettrés. Initié à la calligraphie et à la peinture sur soie, il étudie par la suite au lycée du protectorat de Hanoï.
Attiré par le dessin, il illustre de nombreux journaux et revues et ses prédispositions lui permettent de rencontrer Victor Tardieu qui devient son mentor. Aux côtés de son maître, Nguyen Nam Son s’exerce avec facilité à la peinture à l’huile et participe à la décoration du grand amphithéâtre de l’université de Hanoi.
De cette collaboration fructueuse va naitre une amitié indéfectible entre les deux hommes et ils partagent ensemble l’ambition commune de créer une école des Beaux arts en Indochine.
Le gouverneur général Merlin conforté par le succès de l’Ecole nationale d’Alger et de l’Ecoledes Beaux-arts de Tunis, soutient le projet et c’est ainsi que l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine (EBAI) ouvre ses portes à Hanoï en 1925.
L’école supérieure des Beaux Arts de l’Indochine fondée par Victor Tardieu, et Nguyen Nam Son marquera un véritable tournant dans l’histoire de l’art Vietnamienne en formant plusieurs générations d’étudiants vietnamiens à la peinture de tradition occidentale comme Lé pho, Le van Dé, Mai trung Thu, Vu Cao Dam Nguyen Phan Chanh, Pham Hau Nguyen Gia Tri qui deviendront célèbres en Occident, par la suite.
En 1925, Nguyen Nam Son part à Paris en compagnie de Victor Tardieu pour recruter des professeurs qui enseigneront à EBAI et il profite de ce séjour pour suivre durant 8 mois un enseignement artistique à l’école des beaux-arts de Paris (Atelier de JP Laurens), avant de revenir à Hanoi assister Victor Tardieu.
En 1931 à l’occasion de l’exposition Coloniale de Paris, Victor Tardieu délégué de l’exposition organise la première exposition à l’étranger des élèves de EBAI au sein du pavillon du « Temple d’Anghor » dans lequel il dispose de six salles. Parmi les oeuvres exposées, les visiteurs ont pu admirer deux tableaux emblématiques de la peinture moderne Vietnamienne « le portrait de ma mère » de Nguyen Nam Son et « l’âge heureux » de Lé Pho.
L’année suivante, le tableau est exposé au salon des Artistes Français qui se tenait au Grand Palais et Nguyen Nam son obtient la médaille d’argent car malgré l’abondance de tableaux et de sculptures dans cette exposition, « le portrait de ma mère » laissera un souvenir mémorable aux nombreux visiteurs de ce salon.
Yvonne Pierre Laurens, peintre et sculpteur, sociétaire du Salon des artistes Français émue par le tableau écrit au peintre « Elle frappe par la majesté de son aspect, la noblesse des volumes remarquablement équilibrés, la couleur. C’est une œuvre d’art ».
Dans la revue « L’art et les Artistes » de mars 1932, on peut lire « Groupons ici les envois des élèves de l’école de Hanoï quoique le plus remarquable soit un portrait « le portrait de ma mère » profond comme une madone, plein d’âme et d’un métier sévère, par Nguyen Nam Son ».
Lors de cette exposition au Grand palais, notre tableau est acheté par Henri Sambuc qui l’expose dans les locaux parisiens de la Société des Francais d’Indochine dont il était le président. Avocat à la Cour d’appel de Paris avant de partir en Indochine, Il préside la chambre des avocats-défenseurs près la Cour d’appel de Saïgon (1912) et devient vice-preÌ�sident de l’Association amicale des Francais d’Indochine. A son décès en 1944, notre tableau ainsi que des objets d’art d’Asie de sa collection personnelle sont achetés par Monsieur Jean Yves Bureau, un industriel Parisien collectionneur d’art d’Asie et depuis cette date le tableau a été précieusement conservé dans la famille à l’abri des regards.
La redécouverte en France de ce chef d’oeuvre de la peinture Vietnamienne totalement inédit sur le marché de l’art nous apporte des éléments de compréhension de la peinture de Nam son et sa mise en vente à Paris constitue un véritable événement qui nous prédit une belle bataille d’enchères.
Alexis Maréchal
Bibliographie :
Catalogue de l’exposition Coloniale Paris 1931
Indochine Française
Trois écoles d’art de l’Indochine Hanoï, Phnom-Penh, Bien – Hoa
Hanoï Imprimerie d’extrême orient 1931
Notre tableau décrit en page 14 et reproduit.
L’art et les artistes
Revue d’art ancien et moderne des deux mondes
Armand Dayot
Mars 1932
Notre tableau décrit page 281
Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture des Artistes vivants exposés au grand Palais des Champs Elysées, le 30 avril 1932.
Paris Imp Georges Lang 1932
Notre tableau reproduit page 86.
A. N. Beun
Rénovation de l’art vietnamien
revue Orient-Occident, No 5, novembre 1952
Notre tableau reproduit en page 67
Corinne de Ménouville
« La peinture Vietnamienne : une aventure entre tradition et modernité »
Imp ARHIS 2003
Notre tableau décrit et reproduit page 56.
Nicolas Henni-Trinh Duc
Sorbonne. Carnet de l’École Doctorale d’Histoire de l’art et Archéologie
« Le portrait dans l’art du Vietnam. Fonctions, mutations, expressions. »
Communication présentée le 16 janvier 2020
Notre tableau reproduit et décrit.