A. A. Hébrard, ingénieur chimiste de formation, collectionneur, s’intéresse à la sculpture de sontemps. Il décide de créer sa propre fonderie.
Hébrard est passionné par la cire perdue. Il fond le Penseur de Rodin.
Il cherche à contacter les meilleurs ouvriers ; il fait d’Adolphe Gruet son patineur attitré. Il recrute Marcello Valsuani, qui viendra en France avec ses deux fils Claude et Attilio qui deviendront à leur tour d’excellents fondeurs à la cire perdue installés à leur compte.
Les premiers bronzes Hébrard à la cire perdue apparaissent en 1903. En 1903, âgé de 19 ans, Rembrandt Bugatti s’installe à Paris. Il avait fait connaissance à Milan du fondeur Albino Palazzolo. Il le présente à Hébrard. Albino Palazzolo, devient chef d’atelier. Son talent fera en grande partie la célébrité de la fonderie. Rembrandt Bugatti va signer un contrat d’exclusivité avec Hébrard. Palazzolo sera son mouleur-fondeur exclusif.
La technique de fonte à cire perdue utilisée par Hébrard a été décrite en 1905 par Louis Vauxcelles (cité par Lebon, p. 183).
Vauxcelles donne la composition de l’alliage utilisé pour le Penseur : cuivre pur 81%, argent 4%, étain 9%, nickel 6%. Cet alliage variait selon l’œuvre.
Hébrard fait également œuvre d’orfèvre. Un poinçon Hébrard est déposé en 1902 (abandonné en 1922).
Dans sa galerie, Hébrard expose les artistes qu’il soutient. Première manifestation en 1904, avec Rembrandt Bugatti, puis Bourdelle en 1905. Il ne se cantonne pas aux sculpteurs mais expose aussi d’autres artistes.
Hébrard met en œuvre une stratégie commerciale originale : il s’astreint dès le début à un tirage limité à très peu d’épreuves, à de rares exceptions près systématiquement numérotées. Il recherche des artistes encore inconnus qu’il sait dénicher avec beaucoup de sûreté, entre autres : Bugatti, Ponpon, Bourdelle, Joseph Bernard, Guido…Il leur propose alors uniquement des contrats d’exclusivité, qui ne seront jamais renégociables, ce qui occasionnera bien des rancœurs chez des artistes devenus célèbres ; Hébrard sera toujours intraitable ; certains différends mettront encore en cause les successeurs de la fonderie en1960 ! Bien sûr, il ne peut imposer ses vues à des personnalités aussi affirmées que Rodin.
Il eut des démêlés judiciaires avec son patineur Adolphe Gruet qui lui reprocha entre autres d’avoir étudié ses méthodes pendant un an avant de la chasser brutalement. Hébrard se flatte d’avoir mis au point un procédé particulier (Lebon, p. 184-185).
En août 1907, la galerie est agrandie.
La fonderie est dirigée de 1902 à 1909, date de sa mort, par René Desbois. Lui succède Adèle Serrière, mère de Jean Serrière.
En 1925, Hébrard accède à la direction du journal Le Temps. Il confie alors la fonderie, qui devient « Société des fontes à cire perdue A. A. Hébrard » à sa fille Nelly (1904-1985) qui la dirige officiellement à partir de 1932 jusqu’à la liquidation qui débute en 1934 (les difficultés ont commencé en 1930). Albino Palazzolo participe à l’accord conclu entre Nelly Hébrard et Mme Bernard (veuve de Joseph Bernard ( † 1931). La liquidation est confiée à N. Pécresse (40 rue Notre-Dame des Victoires, Paris 2e). Les ateliers de la rue de Versailles sont signalés une dernière fois das le bottin de 1936.
Hébrard meurt en 1937.1938.
Les locaux de la fonderie sont détruits par un bombardement en 1940.
La galerie de la rue Royale fait paraitre sa dernière annonce au bottin de 1938.
La liquidation est clôturée le 29 novembre 1954.
Hébrard Bronze : Estimation et résultat de vente aux enchères
Les sculptures en bronze signées Rembrandt Bugatti et fondues par Hébrard disposent d’une excellente cote. Les estimations et prix d’achat débutent autour de 50 000 euros pour les figurines d’environ 15 cm. Les bronzes d’environ 30 cm dépassent aisément 100 000 euros pour les daims, cerfs et antilopes, et 300 000 euros pour les lions, panthères et pumas. En 2016, une sculpture en bronze de Rembrandt Bugatti intitulée « Le grand fourmilier » (1909), fondue par Adrien Aurélien Hébrard, a même été adjugée au prix de 1,2 million d’euros (Crait + Muller), du fait de sa grande modernité et de la qualité de sa patine.
Les bronzes créés par Pompon et fondus par Hébrard sont des valeurs sûres sur la marché de la sculpture. Les estimations et prix d’achat commencent autour de 4 000 euros avec les figurines ornithologiques (paon, tourterelle). Les sculptures de format moyen représentant un ours, un cerf ou une pintade trouvent généralement acquéreur entre 20 000 et 30 000 euros. En 2018, un bronze de François Pompon représentant un « Canard sur l’eau », édité en 3 exemplaires portant le cachet du fondeur AA. Hébrard, a été adjugé 63 000 € en vente aux enchères (Hôtel des Ventes de Monte-Carlo).
Pour un bronze signé Jules Dalou et portant le cachet fondeur « Hébrard », comptez sur une estimation et un prix d’achat compris entre 3 000 et 5 000 euros en moyenne. Certaines pièces exceptionnelles excèdent largement cette fourchette. En 2019, une sculpture en bronze intitulée « La Berceuse », signée Dalou et portant le cachet du fondeur « Cire perdue. A.A. Hébrard » sur l’arrière de la terrasse, a été adjugée 104 000 € (Artcurial, Paris), triplant l’estimation haute des experts. Sa taille (environ 50 cm) et la qualité de son empreinte et de sa patine ont fortement contribué à ce résultat de vente.
Si vous avez une sculpture en bronze fondue par Hébrard et que vous souhaitez la vendre, nous vous recommandons de procéder à une expertise par un expert en sculpture afin de l’estimer au plus près de sa valeur réelle.
Rembrandt Bugatti, « Lion couché dévorant », vers 1908, Sculpture en bronze à patine nuancée, Cachet du fondeur « Cire Perdue A.A.Hebrard », 26 x 36 cm, adjugée 806 005 euros en 2019 (Millon & Associés)